Une centrale solaire au Saint Sépulcre?

Des panneaux solaires solaires sur les bâtiments récents : oui !
Une centrale solaire sur la forêt communale du Saint Sépulcre : non !

Selon la loi du 10 mars 2023 sur « l’accélération de la production des énergies renouvelables », les communes doivent définir des zones à consacrer aux énergies renouvelables sur lesquelles l’instruction par l’Etat sera facilitée. Les communes doivent désigner ces zones « préférentielles » en concertation avec leur population. La loi laisse, aux communes, la liberté du choix des moyens de production d’énergies renouvelables estimés les plus pertinents (solaire, éolien, biomasse…).

L’objectif est d’accélérer le développement des énergies renouvelables, afin de rattraper le retard pris par la France sur ce sujet.

La proposition faite à ce jour par la mairie de Mirabeau se porte sur la création d’une zone aux abords de la piste DFCI du Saint Sépulcre et sur le plateau du même nom, pour la réalisation  d’une centrale solaire de 15 hectares.

A notre sens, cette proposition est  inadaptée. Pourquoi ? Parce que le Saint Sépulcre est un espace naturel, de promenade et de chasse  auquel nous tenons. C’est le point culminant de la commune, comprenant une partie de la cluse de Mirabeau, et c’est un lieu majeur reconnu nationalement de valeur géologique et biologique.

Ce caractère naturel est d’ailleurs identifié et protégé par plusieurs outils réglementaires et instances :

–          Arrêté préfectoral de biotope

–          Zone d’intérêt faunistique et floristique

–          Site Natura 2000

–          Site géologique remarquable (Géosite de l’anticlinal de Mirabeau)

–          Et Espace boisé classé dans le plan local d’urbanisme de Mirabeau

Contrairement à ce qui est écrit dans la note technique de présentation du projet, la zone proposée n’est pas en accord avec la doctrine photovoltaïque du parc naturel régional du Luberon. Celle-ci considère, en effet, que les zones préférentielles pour les centrales solaires au sol sont les zone artificialisées, c’est-à-dire les friches militaires, les anciennes carrières, les décharges, les délaissés routiers… mais certainement pas les zones incendiées ou juste équipées de quelques antennes !

La zone proposée correspond, bien au contraire, aux « zones à exclure » telles que définies dans cette doctrine :

–          zones de nature et silence de la charte du parc

–          zones à forte valeur écologique

La doctrine conseille aussi d’éviter les lieux de points de vue panoramiques ( !) , et elle conseille de baser la localisation des centrales solaires sur une approche intercommunale qui reste ici absente.

Par ailleurs, ce projet de centrale  solaire ne correspond pas non plus aux préconisations du cadre départemental établi par l’Etat pour le développement des projets photovoltaïques en Vaucluse. En effet, ce cadre prévoit que :

–          les centrales solaires au sol doivent se développer prioritairement sur les surfaces bâties, artificialisées ou anthropisées,

–          l’implantation doit être issue d’une analyse à l’échelle du territoire,

–          elles ne peuvent pas s’implanter sur des secteurs à enjeux naturels et paysagers,

–          les centrales sont proscrites dans les zones d’aléas fort et très fort de feu de forêt.

Il est même précisé dans ce cadrage que l’Etat écartera systématiquement les zones d’arrêté de biotope et les espaces boisés classés au PLU !

Conclusion :

Il faut bien avoir à l’esprit que les centrales photovoltaïques ne se limitent pas à poser quelques panneaux solaires discrets sur le sol. Non,  il s’agit de véritables installations industrielles. Elles impliquent  la création de voies de desserte internes et périphériques qu’il faudra terrasser, de larges bandes de débroussaillement qui sont obligatoires, la construction de postes électriques, la pose de citernes d’eau, et bien sûr elles nécessitent aussi la pose d’une clôture grillagée …. autant d’éléments qui rendront l’espace concerné totalement artificialisé.

Voici, ci-dessous quelques exemples de centrales solaires existantes:

Nous ne trouvons vraiment pas souhaitable de détruire le paysage et la biodiversité de ces espaces de la sorte, même si le sommet et plateau du Saint Sépulcre sont malheureusement déjà impactés par la présence de plusieurs antennes.

A ce propos, il conviendrait plutôt de mener une opération de réhabilitation paysagère qui permettrait de redonner à ce sommet plus de qualité (suppression des déchets de béton, réduction des poteaux, grillages superflus…)

De même pour les zones incendiées, il conviendrait, au contraire, de continuer à les préserver et à favoriser un renouvellement de la végétation.

Si la commune persistait dans ce choix, il serait nécessaire de réaliser de nombreuses études préalables longues et couteuses, sans parler des procédures administratives qui en découleraient  et notamment une révision du PLU. Aussi, outre qu’il prévoit de dévaster un espace naturel, ce qui est inacceptable ;  ce projet ne répondrait même pas à la loi qui cherche à développer plus rapidement les énergies renouvelables.

Transformer les terrains naturels du Saint Sépulcre en centrale photovoltaïque au sol nous semble donc franchement inopportun : c’est une très mauvaise idée.

Notre proposition alternative consiste donc  à définir comme zone d’accélération des énergies renouvelables :

–          les grandes toitures de hangars (agricoles et autres locaux professionnels),

–          les toitures des bâtiments publics existants et à venir,

–          les toitures des maisons récentes.

Il conviendra en parallèle d’exclure les toitures des maisons traditionnelles du village qui sont très visibles et celles des campagnes, de même que les espaces de grande qualité paysagère.

Pour terminer, nous tenons à rappeler que les terrains concernés sont communaux et appartiennent à tous les mirabelains. Ce sont nos espaces communs à tous, d’où notre proposition au conseil municipal  de prolonger la consultation des habitants à un mois et d’organiser une réunion publique sur le sujet afin de pouvoir discuter du sujet.

Malheureusement évidemment cette proposition a été ignorée par la majorité municipale.