Par délibération en date du 30 janvier 2024, le conseil municipal a proposé la création de Zones d’Accélération pour l’implantation des Énergies Renouvelables (ZAEnR) sur la commune de Mirabeau. Le projet prévoyait l’implantation de panneaux photovoltaïques sur le Saint-Sépulcre (la « Grosse Colline ») et le public a été invité à formuler son avis dans le cadre d’une concertation publique du 1er au 16 février.
Nous sommes plusieurs à l’avoir fait, en toute bonne foi, pensant nous comporter avec civisme en répondant à une invitation de l’équipe municipale. Il semblerait toutefois que les avis exprimés aient déplu puisque les Mirabelaines et les Mirabelains ont peu après reçu dans leurs boîtes aux lettres un tract au vitriol, à l’en-tête de la Mairie, accusant on ne sait qui au juste de faire œuvre de propagande. Visait-il les deux seuls élus de l’opposition ? Ceux, dont je suis, qui étaient candidats sur la liste conduite par Patrick Gonzalez aux dernières élections municipales ? La liste des destinataires était-elle plus large ? Je ne le sais pas et je ne m’abaisserai pas à répondre aux attaques qu’il contient.
Ce tract annonçait aussi une réunion publique suite à la concertation. Cette réunion était prévue, ce que je veux bien croire bien que j’avoue avoir été incapable de trouver cette information sur le site de la Mairie de Mirabeau. C’était de toute façon un point très positif, qui répondait à un souhait exprimé par les élus de l’opposition et dans certaines des contributions.
Avec d’autres, je me suis rendue à cette réunion pour apprendre que seulement une vingtaine de contributions avaient été recueillies. Ce point pose question, car de nombreuses personnes se sont déplacées pour la réunion, témoignant ainsi leur intérêt. La publicité faite autour de cette concertation publique aurait-elle été insuffisante ? Ou peut-être la durée de concertation, bien que légale, était-elle trop courte ? Nous ne le saurons jamais.
Après avoir rappelé que l’identification de ZAEnR correspondait à une demande de l’Etat, ce que personne n’a jamais contesté, Monsieur le Maire a longuement commenté les contributions faites en réponse à son invitation. Il est vrai qu’elles étaient très majoritairement défavorables à son projet. Inutile de s’attarder sur le ton à la fois sentencieux et narquois, pas plus que sur certaines remarques acerbes voire humiliantes : le tract distribué dans nos boîtes aux lettres nous y avait préparés et l’importance du sujet méritait que, même atteints dans notre dignité, nous ne répondions pas aux provocations. Je souhaiterais néanmoins préciser deux choses.
La première est qu’à ma connaissance personne n’a jamais dit ni même sous-entendu : « L’Ecologie, oui ! Développer les énergies renouvelables, oui ! Mais pas chez nous » (phrase extraite du tract, guillemets compris, et reprise par Monsieur le Maire lors de la réunion). Bien au contraire, nous sommes nombreux à penser qu’une transition énergétique écologique ne pourra se faire que par une prise de conscience collective et par la participation de tous; cela implique notamment que nous nous opposions à tout projet qui détruirait un espace naturel protégé, chez nous comme ailleurs.
La seconde est que, pour autant que je sache, aucune des contributions faites lors de la concertation publique n’était injurieuse ni insultante. Personne n’a jamais dit, suggéré ou sous-entendu que Monsieur le Maire ni quiconque dans son équipe était « stupide » (je cite ses propres termes). Ainsi, dans ma contribution par exemple, quand je demande l’avis du PNR Luberon sur ce projet, je ne suppose pas que ce dernier n’a pas été consulté ; j’exprime le souhait que publicité soit faite à l’avis qu’il pourrait éventuellement avoir rendu. Pour défendre nos idées, le mépris n’est pas notre arme : nous préférons en appeler à la raison et à la bonne volonté de chacun.
Venons-en aux informations, nombreuses et importantes, données lors de la réunion et pour la plupart non mentionnées dans le descriptif du projet consultable en ligne, à la date du 26 février, sur le site de la Mairie (mais nous aurions dû, parait-il, aller les demander). L’ordre dans lequel ces données sont indiquées ici n’est pas toujours celui de la présentation de Monsieur le Maire, certaines ayant été apportées en réponse à des questions.
La demande de la Préfecture de Vaucluse est d’atteindre une production d’énergie renouvelable de 38 000 MW. Le projet présenté ne précise pas combien d’hectares de panneaux solaires seraient implantés au Saint-Sépulcre, et la seule information que nous ayons obtenue sur ce point est que ce serait inférieur à 15 ha. Le financement par un investissement de la commune serait trop lourd, l’intervention d’une entreprise privée serait donc privilégiée. Celle-ci prendrait à sa charge l’installation puis verserait un loyer. Le revenu annuel potentiel pour la commune serait de l’ordre de 30 000 €.
D’autre part, on nous a aussi appris que la DDT et le PNR du Luberon ont chacun établi une carte des zones rédhibitoires, pour risque majeur d’incendie ou pour raisons écologiques : si l’on superpose ces deux cartes, on constate que sur la commune de Mirabeau, seules les zones urbanisées et les rives de la Durance sont hors des zones rédhibitoires pour l’implantation de panneaux solaires. Les zones urbanisées pourraient en accueillir, et une étude de faisabilité est en cours, mais beaucoup de toitures des bâtiments municipaux ne supporteraient pas de telles installations. Par ailleurs, la loi ne permet pas d’imposer aux particuliers ni aux exploitants agricoles l’installation de ces équipements sur leurs toits ou sur leurs terres. C’est pourquoi l’équipe municipale a malgré tout fait le choix du Saint-Sépulcre comme ZAEnR. Voilà pour les principales informations factuelles.
Suite à cela, coup de théâtre : Monsieur le Maire nous a dit que le projet présenté serait logiquement refusé par Monsieur le Préfet. Plusieurs personnes lui ont demandé de confirmer ses dires et il a répété cette information : il va présenter un projet dont il est convaincu qu’il sera rejeté, tout simplement parce que ce projet prévoit l’installation de panneaux photovoltaïques en zone rédhibitoire.
Dans ce cas, pourquoi tout ça ? C’est pour répondre aux demandes pressantes de la Préfecture de Vaucluse, nous a-t-on répondu. Une autre question me vient à l’esprit : pourquoi ne pas avoir donné cette information au moment de la consultation publique ? Ce n’était pas un « secret » puisque cela a ensuite été révélé lors d’une réunion publique. Comprenne qui pourra.
Sans préjuger de quoi que ce soit, j’ai peine à croire que l’intention de Monsieur le Préfet ait été d’amener les communes ou les communautés de communes à élaborer des projets sciemment non-conformes aux lois en vigueur. Mais, nous a-t-on dit, les lois évoluent et « si les besoins énergétiques sont prioritaires, ceux-ci passeront au-dessus de la loi ». Le pouvoir dérogatoire du Préfet le permettrait, c’est ce qui nous a été répété.
Les opposants au projet peuvent-ils être rassurés, comme nous l’a dit Monsieur le Maire, parce que ce projet ne peut qu’être refusé ? Ou bien devons-nous craindre que le Préfet de Vaucluse n’utilise son pouvoir dérogatoire pour permettre l’installation d’un parc photovoltaïque de plusieurs hectares sur le Saint-Sépulcre ? Je ne sais plus que penser…
Nous resterons donc vigilants et sommes résolus, dans la seconde hypothèse, à défendre notre point de vue par tous les moyens légaux, dans le respect des biens et des personnes, et non en nous enchaînant face à des pelleteuses, comme on semble nous en prêter l’intention. Ce n’est pas se comporter égoïstement que de vouloir préserver le Saint-Sépulcre, bien au contraire. Ses richesses géologiques, animales et végétales en font un site exceptionnel pour tous, comme en attestent ses multiples statuts de protection.
Affaire à suivre…
Béatrice Lauricella
Pour « préserver nos richesses géologiques, animales et végétales » et pour « mieux vivre ensemble à Mirabeau », il faut arrêter de dépenser l’argent que la commune et l’État n’ont pas !!!